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Jacques Higelin, retour au ciel

Le chanteur français Jacques Higelin, un des pionniers du rock français, est décédé le 6 avril 2018 à Paris à l'âge de 77 ans, a annoncé sa famille. Il laisse derrière lui une vingtaine d'albums et trois enfants, artistes comme lui. Hommage.

 

(photo: pochette de "Higelin 75", son ultime album)

Pour ses 75 ans voilà deux ans, il avait publié le sobre et mélancolique "Higelin 75". Un album en forme d’ultime retour donc pour le Français qui a bâti sa carrière sur la scène et a notamment chanté "Je suis mort, qui dit mieux". Et qui, à ceux qui lui demandaient comment il aimerait mourir, répondait généralement:"Vivant!". Il a rendu son dernier souffle vendredi, à l'âge de 77 ans mais le cheveu gris toujours hirsute.
 

Comme son répertoire, également libre et libertaire. Son épilogue est constitué d'ailleurs d'une chanson fleuve de plus 21 minutes, véritable uppercut lexical baptisé "A feu et à sang", et d'une chanson testamentaire où il revendique "J’fume" comme un écho à son "Cigarette" inaugural de 1974, en attendant "que le fossoyeur me creuse une tombe au Père-Lachaise", que "le temps s'arrête et que le ciel me tombe sur la tête".

 

"Champagne" ou "Tombé du ciel"

 

Soit un dernier disque singulier, à l’image somme toute du parcours atypique d’un Jacques Higelin qui a commencé comme comédien au théâtre en 1959 avant de s’inscrire aux fameux Cours Simon puis de basculer dans le cinéma et, surtout, la chanson rock au mitan des années 60. La rencontre du couple de musiciens formé par Brigitte Fontaine et Greg Areski opère à ce titre comme un déclencheur. En 1965, il sort les azimutés "Douze chansons d’avant le déluge" et "Quinze chansons de d’avant le déluge" qui revisitent Boris Vian.

 

Depuis lors, le natif de Brou-sur-Chantereine (est parisien) peu médiatisé à ses débuts qui a d’abord triomphé dans de petites salles avant de voir ses chansons toucher un plus large public via les ondes a publié une vingtaine d’albums et quelques chansons majeures, comme "Champagne", "Pars", "Tête en l’air" ou "Tombé du ciel ". Il a aussi repris avec bonheur et une rafraîchissante théâtralité ses héros de jeunesse Maurice Chevalier ou Charles Trenet, autre fou chantant dont il s’était épris de la poésie en lui consacrant un disque et spectacle savoureux en 2005.

 

Emois et colères

 

Poète, Higelin l’était aussi, mais à sa manière déboussolante. Se jouant des formes sans transiger sur le fond avec un répertoire qui pratiquait volontiers les coups de gueule au sein d’une majorité de coups de cœur et corps-à-corps amoureux. Ainsi de quelques chants de révolte nés d’abord sur les barricades de Mai 68, puis d’engagements pour les sans-papiers ou les sans domiciles fixes au fil des ans.

 

Le rock d’Higelin, c’était la vie. Un cœur battant. Emois et colères, coups de sang et embrassades, facéties et provocations, tristesse et joie, ivresse et détresse. Un baladin doublé d’un rockeur dont le répertoire s’est souvent fait la synthèse, avec notamment le quarté d’albums de ses réels débuts : "BBH75" (1974), "Irradié" (1975), "Alertez les bébés" (1976) et "No Man’s Land" (1978).

 

L’impeccable "Tombé du ciel" (1988), produit par Jacno, lui procure son premier véritable succès populaire. Histoire de brouiller les pistes, il publie ensuite un "Aux héros de la voltige" (1994) sous influence funk-rock et le plus ardu "Paradis païen",(1998), où il renoue avec Areski.

 

Les années 2000 verront celui qui s’est volontiers fait conteur érotomane ressasser ses thèmes chers, en alternant le bon ("Amor Doloroso", 2006) et le passable ("Coup de foudre", 2010).

 

Cet article a été publié le 6 avril 2018 sur RTS Culture

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