Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Vincent Delerm, Les amants parallèles (Tôt ou Tard)
La mue continue. Depuis Les Piqûres d'araignée (2006), Vincent Delerm affine les tonalités de ses instantanés chantés et de sa prose maniérée. L'ex-chantre des petits riens du quotidien qui s'est délecté de citer Télérama ou Cosmopolitan , François Truffaut ou Fanny Ardent pour bâtir son succès se révèle toujours plus pop et délicat. Ce cinquième album, conceptuel mais fluide, esquisse et croise des histoires d'amour (ardentes et éteintes) avec toute la délicatesse mélancolique de pianos préparés engendrant aussi sons de cordes, percussions et basses.
En treize chansons toujours concises, le fils du romancier Philippe Delerm entrelace cinéma et photographie, François de Roubaix et Martin Parr, Rosemary's Baby et Johnny Marr (gracile « Haçienda »), monologue du second acteur/narrateur féminin, messe basse sans excès de théâtralité. Impressionnisme et profondeur de champ, fugacité et intemporalité ou interludes et chansons pleines font gagner à Delerm rondeur, chaleur et élégance.
Ces Amants parallèles se distinguent par leur art exquis de l'esquive, succession d'images floues et de pensées ou sentiments vifs et furtifs où s'illustrent les très Nouvelle Vague « Bruits des nuits d'été », « Ces deux-là », « Les amants parallèles » et « Le Film ». Intégrant par endroits citations et références, ce corpus atypique s'éloigne ainsi au plan des filiations davantage de Souchon pour se rapprocher des atmosphères fugaces et du romantisme rêveur de Jean Bart.