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sarthe

  • Décembre 2012

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...


    Tue-Loup.jpgTue-Loup, 9

    Sans doute l’un des groupes les plus ombrageux, fins et mésestimés de la scène rock francophone, Tue-Loup poursuit son discret chemin en lointain cousin de Smog, Swell, Lambchop ou Calexico. Habité d’un certain esprit aventureux du rock américain, où langueurs et torpeurs se côtoient entre murmures et fêlures vocales, la formation enracinée dans la Sarthe et emmenée par Xavier Plumas délivre un neuvième album au caractère bien trempé.

    Ce bien nommé 9 ne joue pas la carte de l’inédit à tout prix et préfère reprendre une formule brillamment éprouvée depuis le troisième coup de maître qu’a été La Belle inutile (2002). Poésie naturaliste, tempêtes électriques et climats désenchantés mènent ainsi la cadence, en sus de quelques cas d’école buissonnière où ce sont les textes qui jouent les oiseaux de mauvais augure ("Marinette"). Souvent dense, ce répertoire n’héberge que quelques touches cuivrées, un piano ou des sirènes en guise de chœur pour varier et oxygéner parfois une lourde atmosphère générale ("Mark-Mark").

    Dans les eaux troubles, ciels orageux, forêts embrumées, "cimes assombries" et rares échappées belles que convoque Tue-Loup, la décrépitude, l’ennui, les élans et frustrations amoureux sont saisis à vif. Même quand les orages musicaux se dissipent, hormis sur "Les chevauchées" en épilogue, les mots crus de Plumas, bien qu’en arrière-plan, étouffent. A ce titre, "Les abysses", "Les grandes marées" et "Margot" constituent l’acmé de ce 9 saisissant malgré un creux magmatique ("Jouvence").