Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Raphaël, Super-Welter (EMI)
Avec son cinquième album de poids, Super-Welter, le chanteur français s’éloigne de l’image d’ange inoffensif charriée voilà sept ans par son étape Caravane.
Passé la pochette en forme de photo-montage hideuse où Raphaël, flanqué d’un bouldog, apparaît sous des airs de Michael Jackson à visage encore plus pâle, ce Super-Welter en dix rounds pop et rock se révèle des plus fréquentable.
L’entêtant «Manager», titre le plus radiophonique, inaugure cette suite de corps-à-corps mélodique avec une rythmique basique d’essence Velvet Underground. Changement de décor avec l’ampleur pop saccadée de "Déjà vu", où Raphaël chante d’une voix de tête truffée de réverbérations proche de celle de Gérard Manset qui lui a écrit plusieurs chansons par le passé.
A cette variation autour du coup de foudre succèdent quelques rêveries nocturnes, dont ce "Voyageur immobile" en apesanteur comportant une jolie chinoiserie à la Bowie de "China Girl", le plus sec et noir "Asphalte" où Raphaël cherche sa place au milieu du trafic sur fond de crise de jalousie et ce languide "Peut-être" porté par un piano mélancolique.
Parmi ces dix titres où l’amour prédomine, l’impétueux "Mariachi blues", avec ses airs funèbres de rock désaccordé et sa galerie de têtes brûlées, aurait pu être chanté par Daniel Darc et Alain Bashung. Quand "Collision" ravive la passion de Raphaël pour la moto en blouson noir, de nuit, en même temps que son admiration pour la froideur d’Alan Vega.
Le collage d’esthétiques sonores et l’économie de mots fonctionnent à merveille sur ce Super-Welter à l’épilogue aussi craquant que brinquebalant: "Je me suicidais souvent/Quand je t’aimais vraiment".