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  • "Thriller", 30 ans à peine

    Thriller, Jackson, pochette 25 ans albumTrente ans exactement. Trente ans à peine. En ce 30 novembre, c'est le bel âge de Thriller (1982), l’un des plus grands albums de l’histoire de la pop moderne. Ne serait-ce que par l’ampleur de ses ventes, quelque 105 millions aux dernières homologations officielles, cet incunable du défunt Michael Jackson restera sans conteste une œuvre hors norme.

    Produit par Quincy Jones, comme l’a été Off the Wall (1979) et le sera Bad (1987), Thriller fait partie d’une trilogie phonographique qui a couvert et marqué les années 80. Un triptyque inouï. Dont Thriller demeure l’authentique pierre angulaire. Le roi de la pop se rêvait Beatle noir, ses chansons confirment ses ambitions.

    Un clin d’œil à Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band en intro de "Billie Jean", un duo avec Paul McCartney sur "The Girl is mine" et Jackson de démontrer sa volonté de synthétiser les racines musicales noires et blanches. Neuf morceaux suffisent pour parfois bâtir une mythologie. Et Thriller pulvérise absolument tout sur son passage quand tour à tour le groove infernal de "Beat It" comprenant la guitare heavy metal d’Eddy Van Halen, «Wanna Be Startin’ Somethin’», "Human Nature", "P.Y.T. (Pretty Young Thing)" et enfin le monumental titre éponyme, au clip vidéo non moins phénoménal et insensé pour l'époque, prennent le relais de "Billie Jean". Un monstre d'album, définitivement.

    Les chaînes radio et TV de la Radio Télévision Suisse ont consacré plusieurs émissions spéciales durant la semaine du 26 au 30 novembre 2012 à ce disque mythique.

  • Les douceurs pop de M

     

    M.jpgL'extraversion après l'introversion. Trois ans après Mister Mystère, révélant la face sombre de Matthieu Chedid, M publie Îl. Un sixième album solo en quinze ans qui fait la part belle au bouillonnement pop-rock, aux langueurs mélodiques et à l'économie de mots. Il s'y déleste de plus en plus de sa panoplie de super-héros. Rencontre avec un homme tranquille.

     

    Après avoir dévoilé votre part d'ombre sur "Mister Mystère", "Îl" constitue-t-il un retour à une douce lumière?

     

    Oui. Même pour être très clair, un retour à une lumière rayonnante, intense, explosive presque, même qu'elle semble douce parfois. J'avais envie d'un lâcher-prise, d'un arc-en-ciel, d'un feu d'artifice, d'une dimension festive. Îl est un disque extraverti, épique, spectaculaire, hollywoodien en un sens comme une suite de courts-métrages. Mister Mystère m'avait permis d'aller chercher une certaine paix, de me faire renaître et de retrouver l'essence de M. C'était comme un voyage initiatique et intérieure. A 40 ans à présent, je voulais revenir de façon plus vive, tout en me reconnectant avec mes débuts. Îl me rappelle aussi mes débuts en 1997 avec Le Baptême, un album de lâcher-prise total où je n'avais rien à perdre.

    "Îl" désigne-t-il davantage l'exotisme îlien ou l'idée de l'autre ?

    Les deux. C'est l'idée de proposer une île, un lieu imaginaire où tout est permis, avec une vision tout à la fois masculine mais ouverte sur l'autre. Même si l'album commence par une chanson intitulée "Elle" et que ma part de féminité reste présente. Mais c'est aussi l'autre, M, qui permet de me réinventer, de ne pas figer ce personnage dans une époque ou une couleur. M se retrouve d'ailleurs davantage aujourd'hui dans mes lunettes que ma coupe de cheveu. Et pour la prochaine tournée, je n'aurais sans doute plus besoin de passer une heure dans ma loge pour me métamorphoser en M : mes fringues et mes lunettes suffiront pour des concerts plus bruts et rock.

    Le besoin de dédoublement, du masque et de la panoplie artistique s'est-il estompé ?

    Oui, je crois assumer de plus en plus ce que je suis et qui je suis, même si l'ai toujours relativement bien assumé. J'ai d'ailleurs appris récemment que Chedid veut dire intense en arabe, alors peut-être que mon nom me donnera un jour raison. Il reste que, paradoxalement, c'est avec un masque qu'on est davantage soi-même. Si je me transforme, c'est que cela me permet d'être encore plus moi. Ce n'est pas une histoire d'apparence mais de fond. J'ai plus un langage de fond que de forme alors que le visuel est fort chez moi. C'est troublant.

    Vous avez endossé quantité de casquettes ces dernières années– arrangeur pour Johnny Hallyday ou votre père Louis Chédid, guitariste au côté de Vanessa Paradis, compositieur de la BO de "Monstre à Paris" -, vous aimez papillonner ?

    Je crois être à l'aise dans la diversité, quand ne suis pas figé dans un rôle. Je prends autant de plaisir en tant que personnage central que musicien ou producteur de l'ombre. Je ressens surtout le besoin artistiquement d'échapper au confort, qui me fait extrêmement peur et signifie la mort de la créativité. En ce moment, j'essaie de faire la musique pour un spectacle de James Thierrée (ndlr : petit-fils de Charlie Chaplin), qui a vécu en Suisse, et me retrouve dans un registre non plus mélodique mais de musique concrète.. Et j'adore cela. Ce qui m'amuse, c'est avant tout d'apprendre et donc d'aller chercher en moi quelque chose de neuf dans des univers différentes.

    Vous vous sentez toujours sur le fil de l'essentiel et du dérisoire ?

    Oui, plus que jamais. Au même titre qu'une chanson est tout et rien à la fois. Et c'est cette fragilité  que j'aime beaucoup dans la musique qui, à l'image de la vie, est autant une grande blague qu'une chose essentielle.

    Sur l'album, il y a pourtant un titre qui dit "Faites-moi souffrir"...

    C'est d'abord une chanson ironique, qui se moque de nous et certaines de nos petites souffrances ridicules. C'est également un prétexte au lâcher-prise, à l'amusement. En sous-texte, il s'agit de dire aussi que dans des grands moments de tristesse on peut toucher artistiquement à la grâce en se libérant totalement.

    Personnellement, vous créez mieux dans la souffrance ou le bonheur ?

    Je dirais que les deux sont bons à prendre. Je vois les choses par-delà le bien et le mal. Dans des moments d'énergie vitale, quand on est en paix, recentré et en phase, on trouve des sources formidables et éclatantes d'inspiration. Et dans les moments de perdition, de souffrance, de tristesse, on a accès à une forme de désespoir inspiré qui peut se révéler d'une absolue beauté.

    Îl (Universal Music)

     

  • Octobre 2012

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...


    Raphael.jpgRaphaël, Super-Welter (EMI)

    Avec son cinquième album de poids, Super-Welter, le chanteur français s’éloigne de l’image d’ange inoffensif charriée voilà sept ans par son étape Caravane.

    Passé la pochette en forme de photo-montage hideuse où Raphaël, flanqué d’un bouldog, apparaît sous des airs de Michael Jackson à visage encore plus pâle, ce Super-Welter en dix rounds pop et rock se révèle des plus fréquentable.

    L’entêtant «Manager», titre le plus radiophonique, inaugure cette suite de corps-à-corps mélodique avec une rythmique basique d’essence Velvet Underground. Changement de décor avec l’ampleur pop saccadée de "Déjà vu", où Raphaël chante d’une voix de tête truffée de réverbérations proche de celle de Gérard Manset qui lui a écrit plusieurs chansons par le passé.

    A cette variation autour du coup de foudre succèdent quelques rêveries nocturnes, dont ce "Voyageur immobile" en apesanteur comportant une jolie chinoiserie à la Bowie de "China Girl", le plus sec et noir "Asphalte" où Raphaël cherche sa place au milieu du trafic sur fond de crise de jalousie et ce languide "Peut-être" porté par un piano mélancolique.

    Parmi ces dix titres où l’amour prédomine, l’impétueux "Mariachi blues", avec ses airs funèbres de rock désaccordé et sa galerie de têtes brûlées, aurait pu être chanté par Daniel Darc et Alain Bashung. Quand "Collision" ravive la passion de Raphaël pour la moto en blouson noir, de nuit, en même temps que son admiration pour la froideur d’Alan Vega.

    Le collage d’esthétiques sonores et l’économie de mots fonctionnent à merveille sur ce Super-Welter à l’épilogue aussi craquant que brinquebalant: "Je me suicidais souvent/Quand je t’aimais vraiment".

    A lire dans le quotidien Le Temps: rencontre avec Raphaël