Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Florent Marchet, Bambi Galaxy (Pias)
Florent Marchet avait pris congé à Courchevel, à une altitude raisonnable pour sa pop romanesque et moderne pleine de désillusions et désenchantements. Trois ans plus tard, le Français prend un ticket pour une planète imaginaire mais poursuit son exploration terre-à-terre du genre humain. A la fois odyssée de l'espèce et de l'espace, Bambi Galaxy conte le parcours d'un homme en quête de sens et de bonheur, en adoptant quelques points du vue grinçants.
Longtemps fasciné par le passage de l’adolescence à l’âge adulte et les questions existentielles en découlant (en particulier sur Gargilesse, 2004, mais aussi Rio Baril, 2007), Marchet a mûri sans renoncer tout-à-fait à un lexique de jeunesse. Mais la mise sur orbite de sa pop cosmique passe cette fois par une électronique bricolée aux allures rétro-futuristes et à des codes musicaux empruntés aux BO de science-fiction. Quelque part entre Sébastien Tellier et Jean-Michel Jarre, ce cinquième album réaffirme surtout la fidélité de Marchet au disque conceptuel. Et affine paradoxalement aussi le sens mélodique d'un musicien qui chérit des compositeurs tels François de Roubaix ou Alain Goraguer.
Le lent cheminement du héros de Bambi Galaxy passe par une série d'aspirations variées, dont vivre nu, rejoindre une secte, recourir aux psychotropes, fuir sur une autre galaxie. Malgré ses sorties de piste («647», «Reste avec moi»), l'épopée charrie ses réussites. Ainsi de «Que font les anges», «La dernière seconde», «Apollo 21» («On ne distingue plus cette planète bleue, cette boule de cons !») et ce «Space Opera» au refrain jubilatoire : «Oh Raël mon amour/Prends-moi dans tes bras/La vie ici n'est pas pour moi/Raël mon amour, mon space opera, Raël mon au-delà (...) Je crois qu'il est l'heure de quitter ce monde menteur».
Cette chronique a également été publiée dans le quotidien suisse Le Courrier du 8.2.2014