Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Près de quatre ans après Rouge fer où il synthétisait les humeurs bipolaires des Jours sauvages (2008), autour des déprimes et matins blêmes, et des Choses en face (2006), autour des addictions, Joseph d’Anvers se glisse dans les lueurs des Matins blancs. Quatorze chansons qui s’extirpent d’autant de nuits blanches, avec gueule de bois, pensées troubles ou âme en peine. Le quatrième album du Français, qui avait prêté sa plume au Bleu Pétrole d’Alain Bashung, esquisse de mélancoliques lignes de fuite pop-rock agrémentées de quelques cordes où précipice et romantisme, ballades et saccades font bon ménage.
Epaulé textuellement par Dominique A ("Tremble"), Miossec ("La Nuit, je t’aime quand même") et Lescop ("Marie") et musicalement par le groupe d’Etienne Daho, Les Matins blancs de Joseph d’Anvers ont fière allure malgré l’aube souvent maussade. Dans "Les Amours clandestines", "Avant les adieux", "Chaque nuit en son temps" ou "Sally", la passion brûle ici avant de se consumer. Quand ce ne sont pas les rêves qui s’évanouissent ("Mon Ange") ou le supplice des états d’âme ("Les Jours incandescents") qui ternissent le crépuscule. Si le ciel est donc souvent à l’orage et les sentiments à la confusion, d’Anvers trouve un subtil équilibre entre chien et loup au cœur de ses chroniques obsessives qui déploient leur art des points de suspension.
Cet article a aussi été publié dans le quotidien suisse Le Courrier du 21 février 2015