Depuis son neuvième album en vingt ans de carrière, Vers les lueurs (2012), le chanteur Dominique A s’est aussi distingué grâce à sa voix de romancier. Son premier récit autobiographique, l’intimiste Y revenir (2013), est venu rappeler les talents narratifs du natif de Provins (Seine-et-Marne), dont les premiers exercices de style sont enfin rassemblés. S’il avait déjà brillé en levant le voile avec humour et pertinence sur sa pratique musicale au fil de Un bon Chanteur mort (Ed. La Machine à cailloux, 2008),Tomber sous le charme réunit ses chroniques musicales et littéraires ou billets d’humeur pour divers magazines depuis près de dix ans (Epok, TGV Magazine, Les Inrocks, Le Monde des livres).
Le Nantais d’adoption, qui souligne en préambule se considérer davantage «passeur» que critique, met le plus souvent à la page la marge rock. A l’image des «Helvètes underground» de Disco Doom, croisés dans un club suisse, dont il s’éprend un soir et à qui il promet monts et merveilles «dans une brume éthylique» sans pouvoir ensuite tenir parole.
Les journaux de bord extraits de trois de ses tournées (2002, 2006 et 2013), huit articles écrit en 2012 pour Liberation.fr à l’occasion de ses vingt ans de carrière et les autocritiques de sa discographie complètent judicieusement l’ouvrage et permettent de voir sa plume sensible et caustique s’affûter avec le temps. Comme dans ce journal de bord qui repasse par la Suisse en novembre 2013 (Pully et Nyon) pour son spectacle en forme de lectures musicales, où Dominique A confesse avoir lu et chanté «dans un brouillard sonore à peu près total» et avoir juste fait illusion. Et de conclure: «On croit parfois être un autre, échapper à sa caricature, et finalement non.» Avec ce corpus, le chanteur s’est tendu un miroir ne masquant pas sa nature.
Dominique A, Tomber sous le charme: chroniques de l'air du temps (Le Mot et le Reste, 224.p)
Cet article est aussi paru dans le quotidien suisse Le Courrier du 26 avril 2014