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robert johnson

  • Février 2010

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...


     

    TétéPremierClairAube.jpgTété, Le Premier Clair de l’aube (Jive-Epic)

    Le ménestrel folk est de retour avec Le premier clair de l'aube. Tété dit avoir écouté beaucoup de blues pour le nourrir. Tant du delta mississippien que de ses vastes affluents américains. De Muddy Waters à Screamin'Jay Hawkins via Sonny Boy Williamson ou Robert Johnson. Il est allé y puiser énergie et vélocité. Ce quatrième album en quête de fraîcheur, de ­lâcher-prise, le chanteur français d’origine sénégalaise est, pour bien faire, parti l'enregistrer à Portland, Oregon.

    Ce périple états-unien, pétri d’une écriture à la fois plus lettrée et déliée qu’auparavant tout en restant très elliptique, Tété l’a imaginé au cours d’une précédente tournée passée par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Australie. Ainsi que d’une émission TV musicale de France 5 qui lui permit de sillonner La Nouvelle-Orléans, New York, San Francisco et Miami. Chemin faisant, il a même croisé des Helvètes...encore plus toqués de blues: les Hell's Kitchen.

    Tété est parvenu ici à s’inscrire dans une tradition, à en maîtriser sa grammaire rythmique, sans toutefois renier ses amours pour les sonorités et fluidités pop. Après avoir traité il y a près de quatre ans sous des airs guillerets – façon ménestrel moderne –, d’identité, de racisme, d’exil, de paupérisme, de crise des valeurs au fil de l’allégorique Sacre des lemmings (et autres contes de la lisière), Tété ne se montre pas conceptuel aujourd’hui. Brut et relativement dépouillé, Le Premier Clair de l’aube a préféré l’urgence à la luxuriance. Peu de fioritures orchestrales et de contre-chants ici. La densité des textes antérieurs a aussi fait place à la brièveté, par l’entremise de couplets-refrains élagués aux formes souvent poétiquement précieuses ("Et quand certains jours/De dépit tu te languis"). Un suc littéraire loin d’être inédit dans son répertoire puisque ses lectures de romans et poésies anciens (du XIXe et plus loin) lui ont notamment permis de circonscrire ses idées le long d'A la faveur de l'automne (2003) et L’Air de rien (2001).

    Si le vorace lecteur se considère pourtant encore comme "un auteur laborieux", il avoue que ça va mieux. Et que si les mélodies lui viennent toujours plus facilement, la poésie a jailli plus naturellement que de coutume. De belles images affleurent il est vrai çà et là: comme "Dans la plaie de tes yeux/On devine le venin/Dans le pli de tes nœuds/Un bien curieux parfum" dans "L’envie et le dédain" ou "Fut-ce le temps d’un clin d’âme, d’un refrain/Gagner vos faveurs, vous sertir le cœur" au cœur d’"Ad Libitum". Elles figurent au coeur des treize missives blues-folk de ce Premier clair de l'aube, datées et situées géographiquement, formant au final un recueil de lettres aux agréables préciosités poétiques.

    (L'article dont est principalement extrait ce texte est consultable sur le site du Quotidien suisse "Le Temps")