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seine-et-marne

  • Episode VII: Elista

    Au début des années 2000, dans le sillage des Biolay, Bénabar, Delerm and co est apparu une nouvelle génération d'auteur-compositeur-chanteur très vite rangée sous l’appellation médiatiquement contrôlée "nouvelle chanson française". Cette nouvelle vague vocale s’apprête en 2010 à célébrer ses dix ans d’existence. Retour dans le désordre sur les albums phares (une trentaine) des trentenaires talentueux qui à leur manière décompléxée ont repris le flambeau des Murat, Miossec, Dominique A ou Katerine des années 90 dont l’écriture leur avait ouvert d’autres voies

     

    ElistaFoliedouce.jpgElista, La Folie douce (Jive, 2006)

    La Folie douce. Un titre qui correspond bien aux humeurs d'Elista. Au cours de ce deuxième album de haute tenue, le groupe français réactive ses alliances fatales entre retenue et turbulence, entrevues sur son premier album éponyme (2003). Autant d'atouts de chansons aux apparences trompeuses, faussement hospitalières, baignant dans un pop-rock âpre. Ce mariage d'irraison avait culminé dans certains des premiers titres d'Elista, merveilles de crises d'épilepsie, comme "Rendors-toi" et "Tu es légère".

    Davantage qu'hier encore, Elista se montre frontal à l'entame de ses compositions aux mélodies fines. Mais dérive vite vers des climats aériens, insufflant avec aisance des respirations dans les climats orageux – parfois proches du post-rock – de sa Folie douce. Entre délicatesses pop, tensions rock et joliesse mélodique, la jeune formation de Seine-et-Marne réaffirme l'étendue de sa maturité de composition et la même insolence de ton.

    Elista, aussi vaillant qu'à fleur de peau dans son écriture et autant aérien que léger dans ses compositions, signe ainsi une des belles alchimies entre langue française et grammaire du rock anglo-américain. Sous une apparente incohérence où chaque titre semblait avoir été taillé pour devenir un potentiel single-tube, le répertoire d'Elista tire sa substance de son économie d'effets de manche. Pas de guitares de trop, d'artifices électroniques qui soient inutiles ou fébriles; une écriture à la fois sobre, nerveuse et raffinée, une voix agréablement posée sur des chansons à l'efficace brièveté.

    Derrière l'allégresse, l'urgence. Au-delà d'histoires funestes, le paradis terrestre malgré tout. La Folie douce balance ainsi, entre introspections cathartiques et lueurs d'espoir. Le noir-blanc d'un destin dérisoire, le mystère où les zones d'ombre charrient davantage de nuances que le volontarisme coloré. Mais quand Elista restitue l'enfer des "Hommes ordinaires", les regards hagards, il ne juge pas. Préférant confesser à demi-mot sa peur des lendemains, douter du courage de chacun, que de dénoncer les petites trahisons. Elista interroge: "Mon manque de témérité/Me voue-t-il à te mériter" ("Lâcheté"). L'amour? L'amitié? La vie? En mariant à merveille profondeur et vitesse, asphyxie et éclaircie, mots d'auteur et maux d'époque dans un souffle précipité et électrifié, Elista touche en plein cœur. Avec, en prime, au fil de ses chroniques obsédées par la fuite du temps et le sens de la vie, un beau voile de mystère.