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Triste trépas - Page 3

  • Brassens avant l'heure

    Avant l'heure, c'est déjà l'heure! A peine digérées les commémorations des oeuvres de Gainsbourg et Trenet que les hommages à Brassens sont déjà à consommer sans modération. La faute à l'exposition parisienne qui a démarré à la Cité de la musique et sonne, à l'aube du printemps, les célébrations des trente ans de la mort automnale de Tonton Georges, le 29 octobre 1981.

    Au coeur de ce nouveau déluge éditorial, où l'on apprend pas grand chose de neuf à vrai dire, il y a tout de même un inédit textuel déniché par le journaliste et biographe Jacques Vassal chez le neveu et ayant droit de Brassens, Serge Cazzani. Mentionnée dans Brassens, homme libre (Cherche-midi, 2011), version augmentée d'une précédente bio de Vassal, la chanson n'a en revanche ni titre ni année de création.

    Jacques Vassal pense toutefois que ce titre, qui ne figurait pas dans les Oeuvres complètes de Brassens (Cherche-midi, 2007), a été écrite en 1946 pour l'amoureuse du poète en ce temps-là, à savoir la Petite Jo.

     

    HORS_SERIE_BRASSENSVibrations.jpgElle entra dans ma vie en patins à roulettes 
    Elle était verdelette elle était bachelette 
    L'amour comme toujours marchait à l'aveuglette
    J'ai pas su m'écarter j'ai fait une boulette

    La publique rumeur m'a mis sur la sellette 
    La chair fut un peu triste elle était pucelette 
    Et moi je n'étais pas un véritable athlète
    La fringale la prit j'avais pas de galette
    Elle quitta ma vie en patins à roulettes
    Elle atterrit chez un boucher de la Villette 
    Dieu lui pardonne elle adorait les côtelettes 
    Avec du serpolet et de la ciboulette
    Ce fut un certain temps de dérive complète

    J'eus même envie de me déguiser en squelette 
    Et lui faire envoyer dedans une mallette 
    Mes osselets pour qu'elle en fît des amulettes
    Avec son souvenir depuis je me collette

    Son fantôme me suit en patins à roulettes 
    Elle entra dans ma vie en patins à roulettes
    Elle était verdelette elle était bachelette
    J'ai pas su m'écarter j'ai fait une boulette

    L'amour comme toujours allait à l'aveuglette
    La publique rumeur m'a mis sur la sellette
    La chair fut un peu triste elle était pucelette
    Elle sortit de ma vie en patins à roulettes

    Pour un boucher des abattoirs de la Villette
    Qu'était plus vieux que moi qu'avait plus de galette
    Dieu lui pardonne elle adorait les côtelettes
    Avec du serpolet et de la ciboulette

    Ce fut un certain temps la dérive complète
    J'eus même envie de me déguiser en squelette
    De lui faire envoyer dedans une mallette
    Mes osselets pour qu'elle en fît des amulettes
    Avec son souvenir depuis je me collette.
    (©Le Cherche Midi)
  • L'Ethylique, vue de Gainsbarre...

    Allez, un dernier pour la route!

    Vingt ans de sobriété et nous voilà pourtant toujours pas rassasié de Gainsbourg/Gainsbarre. Alors fêtons cela en chanson...

    L'ETHYLIQUE (chanson de Gainsbourg, musique Jacques Dutronc). Album Guerre et pets de Dutronc, 1980

    J'ai pas d'paroles
    Gainsbourg s'est fait la paire
    Faut s'le faire
    Quand il boit
    Mais ma parole
    ça commence à bien faire
    Dans un verre
    Il se noie

    Il prend son fade
    Avec du champagne
    Et du brou de noix
    Il m'laisse en rade
    Avec ma p'
    Tite mélodie à la noix

    Il m'aurait dit
    Qu'l'amour s'est fait la paire
    Il faut faire
    Avec c'qu'on a
    Il aurait vu
    Toi et moi font la paire
    Quand j'te serre
    Dans mes bras

    Pauvre alcoolo
    Il faut toujours qu'il se cuite
    Pourquoi
    Pauvre éthero
    Eternellement en fuite
    De quoi

    J'ai pas d'paroles
    Gainsbourg s'est fait la paire
    Faut s'le faire
    Quand il boit
    Mais ma parole
    ça commence à bien faire
    Dans un verre
    Il se noie

    SergeGainsbourgTombe.jpg

  • Noir Désir, dies irae

    NoirDesirDiesIrae.jpg"Noir Désir, c’est terminé!". Le batteur du groupe Denis Barthe a été catégorique au lendemain de la décision du guitariste Serge Teyssot-Gay de quitter l'une des formations phares du rock français "pour désaccords émotionnels, humains et musicaux avec Bertrand Cantat, rajoutés au sentiment d'indécence qui caractérise la situation du groupe depuis plusieurs années".

    Denis Barthe s'est exprimé au nom des deux autres membres de Noir Désir, le chanteur Bertrand Cantat et le bassiste Jean-Paul Roy. Il a précisé à l'AFP: "On ne va pas maintenir Noir Désir en respiration artificielle pour de sombres raisons", ajoutant à l’adresse des fans: "Ce n’est pas la fin du monde".

    Pas la fin du monde certes mais d'un monde bâtit sur six albums studio qui ont fait date en francophonie. Le dernier album studio du quatuor incandescent restera donc Des visages, des figures (2001), tandis que le double CD Noir Désir en public et les deux DVD Noir Désir en images captés durant la tournée éponyme en 2001 et 2002 constitueront les ultimes témoignages lives de la formation bordelaise.

    Après vingt ans de bons et loyaux sévices rock, Noir Désir est devenu un sujet sensible au moment où est survenu ce qui a été appelé «le drame de Vilnius» dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003. Un soir de dispute entre Bertrand Cantat et sa compagne Marie Trintignant ayant entraîné la mort de l'actrice et pour lequel le chanteur emblématique de Noir Désir a été condamné à huit ans de prison par la justice lituanienne le 29 mars 2004. Avant de connaître une libération conditionnelle en 2007.

    Le groupe avait repris les répétitions, publié quelques titres sur son site internet et Bertrand Cantat était même remonté récemment sur scène dans les environs de Bordeaux dans le cadre d'un concert d'Eiffel. Mais aujourd'hui, Noir Désir c'est définitivement dies irae.

  • Colette Renard, éternelle demoiselle

    Héroïne du répertoire de la chanson des années 50, Colette Renard s'est tue. A 86 ans après une carrière artistique richement et parfois très audacieusement remplie. On retiendra évidemment Irma la douce et Tais-toi Marseille parmi ses chansons phares. Mais c'est avec les paroles salaces des Nuits d’une demoiselle qu'on préfère la quitter. Pour mieux y revenir...

    "Les Nuits d'une demoiselle"
    (Paroles: Colette Renard. Musique: G.Breton & Raymond Legrand, 1963)

    Que c'est bon d'être demoiselle
    Car le soir dans mon petit lit
    Quand l'étoile Vénus étincelle
    Quand doucement tombe la nuit

    Je m' fais sucer la friandise
    Je m' fais caresser le gardon
    Je m' fais empeser la chemise
    Je m' fais picorer le bonbon

    Je m' fais frotter la péninsule
    Je m' fais béliner le joyau
    Je m' fais remplir le vestibule
    Je m' fais ramoner l'abricot

    Je m' fais farcir la mottelette
    Je m' fais couvrir le rigondonne
    Je m' fais gonfler la mouflette
    Je m' fais donner le picotin

    Je m' fais laminer l'écrevisse
    Je m' fais foyer le cœur fendu
    Je me fais tailler la pelisse
    Je m' fais planter le mont velu

    Je m' fais briquer le casse-noisettes
    Je m' fais mamourer le bibelot
    Je m' fais sabrer la sucette
    Je m' fais reluire le berlingot

    Je m' fais gauler la mignardise
    Je m' fais rafraîchir le tison
    Je m' fais grossir la cerise
    Je m' fais nourrir le hérisson

    Je m' fais chevaucher la chosette
    je m' fais chatouiller le bijou
    Je m' fais bricoler la cliquette
    Je me fais gâter le matou

    Et vous me demanderez peut-être
    Ce que je fais le jour durant
    Oh! cela tient en peu de lettres
    Le jour , je baise, tout simplement

  • Ferrat, nuit noire

    Aragon et l'exaltation amoureuse, la fraternité et les petites gens, mais aussi la révolte perpétuelle. Jean Ferrat (1930-2010) était tout cela à la fois. La fleur poétique au fusil, la nécessité de ne pas chanter idiot, la contestation des injustices à fleur de peau et un lyrisme toujours à portée de voix. Un cas d'école lu à l'école en somme autant parfois qu'un cri dénué d'écho dans la marche d'un monde qui n'a pas besoin qu'on lui rappelle trop ses incohérences et faits d'armes. Certes ennuyeux par moment, le répertoire de Ferrat a aussi ses beautés. Qui ne passent pas forcément par "C'est beau la vie".  Mais plutôt par "Nul ne guérit de son enfance" ou ce "Nuit et brouillard" qui a fait coulé tant d'encre quelques années après le documentaire saisissant d'Alain Resnais. Des textes inscrits au fer rouge dans la chair d'un Ferrat dont le père a succombé à Auschwitz.

    Pour mémoire et un au revoir donc:

    Nuit et brouillard (Jean Ferrat, 1963)

    Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
    Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
    Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
    Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

    Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
    Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
    Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
    Ils ne devaient jamais plus revoir un été

    La fuite monotone et sans hâte du temps
    Survivre encore un jour, une heure, obstinément
    Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
    Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir

    Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
    Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
    D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
    Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

    Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
    Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
    Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
    Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

    Les Allemands guettaient du haut des miradors
    La lune se taisait comme vous vous taisiez
    En regardant au loin, en regardant dehors
    Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

    On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
    Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
    Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
    Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

    Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
    L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
    Je twisterais les mots s'il fallait les twister
    Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

    Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
    Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
    Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
    Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent