Un chic type et un élégant chanteur. Hubert Mounier, ancien porte-voix aux improbables costumes à carreaux et chaussures bicolores de L'Affaire Louis Trio, est subitement décédé le 2 mai 2016. A 53 ans.
benjamin biolay
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Hubert Mounier, affaire hélas classée
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Novembre 2012
Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Benjamin Biolay, La Vengeance (Naïve)
A l’aune de son épique double album précédent, l’existentialiste La Superbe (2009), sa Vengeance en quatorze actes sonnerait presque Arte povera. Mais ce serait faire la fine bouche. Pour son sixième enregistrement studio en solo, Benjamin Biolay n’a pas lésiné sur les beaux décors orchestraux (rock, coldwave, pop, hip-hop, soul, jazz, électro ou romantisme classique) pour ses nouveaux états d’âme s’avérant pourtant moins à la dérive. Biolay affiche même de sérieux penchants post-punk lorgnant vers le lyrisme sombre en vogue des Smiths ou Joy Division.
Si la noirceur et les climats délétères ne sont ainsi pas prédominants, ils surgissent à point nommé pour donner du souffle ("Sous le lac gelé", "Marlène déconne" ou "L’insigne honneur") à un ensemble qui en manque quelque peu en raison de sa diversité esthétique. Une impression de feu d’artifice renforcée par une longue liste de sept invités, dont Vanessa Paradis, Orelsan ou l’ex-Libertines Carl Barât, qui apparaît plus cosmétique que fondée en termes identitaires.
Heureusement, l’art de Biolay pour les ballades vénéneuses et mélodramatiques ("Personne dans mon lit", "Trésor trésor" très bashungien ou "La fin de la fin") permettent d’éviter de donner un goût trop amer à sa Vengeance. Amorcée, il ne faut pas l’oublier, par cette grande chanson sur le délitement des sentiments, mariant guitares rock et cuivres soul, qu’est déjà "Aime mon amour".
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Juin 2012
Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Henri Salvador, Tant de temps (V2)
Henri Salvador avait 90 ans au soir de sa mort, il y a quatre ans et des poussières. Et près de 950 titres légués au patrimoine chanté. On pensait le chapitre du pitre entré en chansons douces clos. C'était sans compter sur les inédits posthumes de Tant de temps qui rouvrent une belle page de l'histoire de la voix mélancolique ou bienheureuse de "Syracuse", "Dans mon île", "Le lion est mort ce soir" ou "Zorro est arrivé".
Dans l'esprit de Chambre avec vue (2000), album de son épatante régénération, Benjamin Biolay exhume ici brillamment la substantifique moelle du Salvador de cette ère-là grâce à ce chapelet de maquettes miraculées. Des arrangements impressionnistes et graciles, une voix caressante et confidente, des vaguelettes bleutées et caraïbes, des parfums bossa du Brésil chéri de Salvador confèrent à Tant de temps la patine intemporelle désirée.
La nonchalance élégante du crooner est ravivée entre touches de saxophone et de trompette, cordes, percussions ou piano. Le crooner flirte avec Nat King Cole ("Paname à la Havane"), Carlos Jobim ("Une île sans elle") et même Debussy au fil d'une superbe réorchestration de "Syracuse" réussie par Biolay. Rien à jeter. L'outrage post mortem est habilement esquivé avec des mots d'amour et un sourire testamentaire affiché d'emblée : "J'ai eu ma part de pire/J'ai eu ma part de chance/J'étais juste là pour vous dire/ça n'a pas d'importance/Tout ça c'était pour rire (...) Je n'ai pas peur de partir/J'ai pas peur du silence".