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  • Juin 2012

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...

    Salvador.jpgHenri Salvador, Tant de temps (V2)

    Henri Salvador avait 90 ans au soir de sa mort, il y a quatre ans et des poussières. Et près de 950 titres légués au patrimoine chanté. On pensait le chapitre du pitre entré en chansons douces clos. C'était sans compter sur les inédits posthumes de Tant de temps qui rouvrent une belle page de l'histoire de la voix mélancolique ou bienheureuse de "Syracuse", "Dans mon île", "Le lion est mort ce soir" ou "Zorro est arrivé".

     Dans l'esprit de Chambre avec vue (2000), album de son épatante régénération, Benjamin Biolay exhume ici brillamment la substantifique moelle du Salvador de cette ère-là grâce à ce chapelet de maquettes miraculées. Des arrangements impressionnistes et graciles, une voix caressante et confidente, des vaguelettes bleutées et caraïbes, des parfums bossa du Brésil chéri de Salvador confèrent à Tant de temps la patine intemporelle désirée.

    La nonchalance élégante du crooner est ravivée entre touches de saxophone et de trompette, cordes, percussions ou piano. Le crooner flirte avec Nat King Cole ("Paname à la Havane"), Carlos Jobim ("Une île sans elle") et même Debussy au fil d'une superbe réorchestration de "Syracuse" réussie par Biolay. Rien à jeter. L'outrage post mortem est habilement esquivé avec des mots d'amour et un sourire testamentaire affiché d'emblée : "J'ai eu ma part de pire/J'ai eu ma part de chance/J'étais juste là pour vous dire/ça n'a pas d'importance/Tout ça c'était pour rire (...) Je n'ai pas peur de partir/J'ai pas peur du silence".

  • Mai 2012

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...

     

    Uminski.jpgPhilippe Uminski, Mon Premier Amour (Columbia)

     

    Une résurrection. Pour ­Philippe Uminski, habitué aux beaux seconds rôles comme réalisateur ou arrangeur auprès de Julien Clerc, Cyril Mokaiesh, les Têtes Raides ou Johnny Hallyday, mais auteur de trois albums solo dispensables, Mon Premier Amour sonne un renouveau. Constitué de vertiges passionnels, de désillusions sentimentales, d’amertume passée et d’élans existentiels, ce disque enregistré sans filet avec grand orchestre et septet rock charrie un souffle sidérant. Relevé encore par une voix pleine de ferveur semblant jouer sa vie sur chaque chanson. Cette intensité balaie tout sur son passage.

    Entre rafales de vent et ­zéphyr, envolées lyriques et accalmies mélodiques, cordes, ­cuivres, percussions et claviers millésimés, Mon Premier Amour évoque par endroits l’âge d’or de la pop française des sixties (Legrand ou Polnareff). Alors qu’ailleurs ce sont les spectres de Nougaro et, surtout, de Brel qui surgissent par le biais d’inflexions vocales ou de registres musicaux (java, valse). Sans omettre quelques réminiscences aznavouriennes ça et là.

    Reste qu’Uminski, dont la culture musicale semble aussi nourrie que digérée et passe assurément par les Beatles et John Barry, a aussi une sublime corde textuelle à son arc. Le cru «Par les toits», le chagrin «Autant qu’il m’en souvienne» sur fond "james bondien", les lucides «Un temps» et «Le temps qu’il reste à vivre», l’éperdu «La vie continue» sont de palpitants moments forts. Des tourbillons de vie nuancés.