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  • Etienne Daho: «Plus on avance dans l’âge, plus on s’allège»

    Etienne Daho, Les chansons de l'innocence retrouvée, tournée, concert, Pop Hits, Diskönoir Tour

    Pour Les chansons de l'innocence retrouvée, son onzième album depuis 1981 paru en novembre dernier, Etienne Daho a ravivé son penchant pour ces clairs-obscurs pop classieux qui l'ont propulsé dandy tout désigné de la pop française.

    Vous effectuez votre grand retour sur scène cet été. Comment se déroulent les préparatifs ?

    C’est une période très chargée, excitante et schizophrénique à la fois puisque mon retour sur scène va s’effectuer de manière très spéciale. Je commence début juillet par une série de concerts en tant qu’invité d’honneur à la Cité de la musique à Paris. Je suis le curateur de plusieurs concerts réunis sous l’intitulé «Une jeunesse moderne». Ce sont trois soirées différentes, où je rejoue l’album Pop Satori dans l’une, une autre où j’invite la fine fleur de la jeune scène française avec encore quelques invités de marque comme Dominique A et une dernière soirée baptisée «Pop Hits» où je passe en revue mon répertoire. C'est ce concert rétrospectif que je présente cet été sur scène, en préambule de ma nouvelle tournée à l'automne qui s’intitulera «Diskönoir Tour».

    Pop Satori, votre troisième album daté 1986 revêt-il une importance particulière à vos yeux ?

    Si je continue de le voir seulement comme un chapitre d'une même histoire, c’est vrai qu’il constitue un moment particulier dans mon parcours. C’est l’album qui représente un moment de bascule en termes de popularité pour moi grâce à des titres à succès comme «Epaule Tatoo», «Duel au soleil» et «Tombés pour la France». C’est aussi avec ce disque que mon travail est reconnu par une plus jeune génération d’artistes et que je deviens une espèce de chef de file de la pop française. Pop Satori est sans doute mon album qui a laissé le plus de traces, de souvenirs profonds et durables. C’est une madeleine en quelque sorte, qui reste agréable heureusement à jouer aujourd’hui et ne sonne pas datée, démodée. Il n’était pas si teenage que je le pensais.

    «Je me voulais léger, léger. Le plaisir sans me retourner», dit «En surface», un titre signé  Dominique A sur Les chansons de l’innocence retrouvée. Vous a-t-il mis au jour ?

     

    Cette chanson semble sonner comme un autoportrait d’une légèreté que je pouvais incarner. Mais ce n’est qu’une facette d’une perception essentiellement liée à l’hédonisme des années 80. En réalité, ce n’était qu’un masque pour donner le change même s’il est vrai que cette décennie a été marquée par un certaine insouciance dans mon cas. C’était quand même une période où nous étions souvent ivres morts, entre autres. Je me sens sans doute plus léger et jeune aujourd’hui qu’hier. Plus on avance dans l’âge, plus on s’allège.

    Carte blanche à Etienne Daho dans le cadre du festival Days Off à Paris, les 1er, 5 et 8 juillet 2014

    Les dates de tournée d'Etienne Daho

    Cette interview a aussi été publiée dans le Hors-série/Programme officiel du Montreux Jazz Festival 2014, encarté dans le quotidien suisse Le Matin

     

  • Dominique A côté plume

    Dominie A, Le Mot et le reste, livre, chansonDepuis son neuvième ­album en vingt ans de carrière, Vers les lueurs (2012), le chanteur Dominique A s’est aussi distingué grâce à sa voix de romancier. Son premier récit autobiographique, l’intimiste Y revenir (2013), est venu rappeler les talents narratifs du natif de Provins (Seine-et-Marne), dont les premiers exercices de style sont enfin rassemblés. S’il avait déjà brillé en levant le voile avec humour et pertinence sur sa pratique musicale au fil de Un bon Chanteur mort (Ed. La Machine à cailloux, 2008),Tomber sous le charme réunit ses chroniques musicales et littéraires ou billets d’humeur pour ­divers magazines depuis près de dix ans (Epok, TGV Magazine, Les Inrocks, Le Monde des livres).


    Le Nantais d’adoption, qui souligne en préambule se considérer davantage «passeur» que critique, met le plus souvent à la page la ­marge rock. A l’image des «Helvètes underground» de Disco Doom, croisés dans un club ­suisse, dont il s’éprend un soir et à qui il promet monts et merveilles «dans une brume éthylique» sans pouvoir ensuite tenir parole.


    Les journaux de bord extraits de trois de ses tournées (2002, 2006 et 2013), huit articles écrit en 2012 pour Liberation.fr à l’occasion de ses vingt ans de carrière et les autocritiques de sa discographie complètent judicieusement l’ouvrage et permettent de voir sa plume sensible et caustique s’affûter avec le temps. Comme dans ce journal de bord qui repasse par la Suisse en novembre 2013 (Pully et Nyon) pour son spectacle en forme de lectures musicales, où Dominique A confesse avoir lu et chanté «dans un brouillard sonore à peu près total» et avoir juste fait illusion. Et de conclure: «On croit parfois être un autre, échapper à sa caricature, et finalement non.» Avec ce corpus, le chanteur s’est tendu un miroir ne masquant pas sa nature.

    Dominique A, Tomber sous le charme: chroniques de l'air du temps (Le Mot et le Reste, 224.p)

    Cet article est aussi paru dans le quotidien suisse Le Courrier du 26 avril 2014

  • Les écorchures intimes de Daniel Darc

    Daniel Darc, Christian Eudeline, Le Courrier, Ring, livre, édition, rockAprès Tout est permis mais tout n'est pas utile, livre d’entretiens inachevés du journaliste Bertrand Dicale avec ­Daniel Darc, paru en mai 2013, deux biographies sont récemment venues éclairer davantage la trajectoire tumultueuse du chanteur français décédé le 28 février 2013 à l’âge de 53 ans. V2 sur mes souvenirs: à la recherche de Daniel Darc de Pierre Mikaïloff et Daniel Darc, une vie de Christian Eudeline ­remontent fidèlement le cours du temps depuis les précoces et chaotiques années Taxi Girl qui ­propulsent Darc, punk et voyou dans l’âme, sur le devant de la scène pop-rock.


    Le journaliste et critique Christian Eudeline, qui suivait Darc depuis une trentaine d’années, a réveillé ses précieuses archives, demandé à Dominique A de signer la préface, pour retracer un portrait intimiste et empathique qui choisit de débuter dans la décadence hédoniste des années 1980, au cœur de Taxi Girl et son tube «Cherchez le garçon».


    Entre mythologies rock’n’roll et foi, enfer et paradis, drogue et alcool, l’écorché vif du rock français qui brûlait sa vie tels ses modèles ­Burroughs, Sex Pistols ou Coltrane, se mue en ­personnage attachant. Grand enfant d’origine ­juive blessé à la fois dans son corps et son âme, mais qui n’a cessé de se relever pour toujours mieux se foutre du lendemain. Une vie brûlée par tous les bouts, où les errances se sont souvent ­métamorphosées en fulgurances, grâce à une ­inébranlable foi en l’existence et l’amour. Ange déçu plutôt que déchu.

    Christian Eudeline, Daniel Darc, une vie (Ed.Ring, 280 p.)

    Cet article est aussi paru dans le quotidien suisse Le Courrier du 26 avril 2014