Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Le chanteur français signe "Eléor", un dixième album auquel fait subtilement écho un deuxième roman, "Regarder l'océan".
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Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Le chanteur français signe "Eléor", un dixième album auquel fait subtilement écho un deuxième roman, "Regarder l'océan".
Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
A bouche que veux-tu (Columbia)
Passé le succès retentissant d'un premier album rafraîchissant, Et vous, tu m'aimes ? (2011) qui passait aussi brillamment que lascivement au mixeur Lio, Lee Hazlewood & Nancy Sinatra, NTM, Burt Bacharach, Claude François, John Barry, Camille, le hippie-folk, le rock ou l'electro. Brigitte paraît déjà essoufflé. Autant de vertus pétulantes qui culminaient dans une reprise renversante de suprême lascivité du « Ma Benz» de NTM.
Désormais moins bordéliques et pétillantes, les chansons du tandem de pétroleuses pop parisiennes composé de Aurélie Saada et Sylvie Hoarau se lovent dans une production léchée, chatoyante, languide et sucrée aux réminiscences disco. Si la douceur des voix et les harmonies élégantes opèrent encore leurs charmes, A bouche que tu veux a perdu en glamour libertaire malgré sa sensualité rythmique rétro affichée.
Sous les boules à facettes de Brigitte, les femmes sexy se montrent souvent aussi dociles que soumises plutôt qu'affranchies et frondeuses (« L'échappée belle », « Oh Charlie chéri » ou « Hier encore ». Même contrebalancé par des chants moins asservis (« Embrassez-vous », « Les filles ne pleurent pas » et « Plurielle »), le répertoire de la blonde et de la brune finit cette fois-ci par hélas vraiment compter pour des prunes. A moins que tout ce mascara soit du second degré.
Soleil dedans (Polydor)
Des chansons éclairées de l'intérieur et une voix haut perchée brillante. Pour Soleil dedans, Arthur H a choisi de muer quelque peu. Enregistré entre Montréal et Paris, le successeur de Baba Love (2011) prend des airs de pop cosmique et convoque volontiers les éléments pour ces divagations sensuelles mises sur orbite par "L'Autre côté de la lune". Une clin d'oeil à Pink Floyd en guise de prolégomènes planants qui permet de donner le ton général du répertoire neuf.
Peu d'ambiances nocturnes ou de clairs-obscurs baudelairiens ici, comme si le fils de Jacques Higelin se délestait toujours un peu plus du fardeau mélancolico-poétique qui lui a valu de beaux succès. Mélodies en ciel dégagés, groove fluide, éclaircies vocales, psychédélisme bon teint et touches jazzy confèrent à ce dixième album studio une belle allure. La patte élégante du musicien et chanteur canadien Patrick Watson (qu'Arthur H a croisé à l'ombre de la défunte Lhasa) y est sans doute pour beaucoup. Le seul hic étant que cette légèreté colorée a par trop tendance à l'évanescence et finit par ne plus toucher. A l'image de "La caissière du super", "L'aéroport de Los Angeles" ou "Les Papous, c'est nous". Le bon équilibre reste à trouver pour Arthur H.
Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...
ImMortel (Mercury)
Il est enfin encensé après avoir longtemps suscité au mieux l'incompréhension médiatique, au pire le mépris de la critique au fil d'un parcours musical en dents-de-scie de plus de 35 ans d'où se détache nettement Poèmes rock (1981) produit par Chris Blackwell.
Trois ans après le très rock Fort Rêveur passé injustement inaperçu, CharlElie Couture brille à nouveau de mille feux, tout en continuant de chérir ces jeux de mots, double sens, ambivalences et décalages qui ont forgé son identité de poète urbain expérimental. ImMortels, lisible aussi I'm mortel, décortique cette fois la question du temps, de l'existence, de la disparition. Autant de thèmes anxyogènes esquissés à la manière de portraits intimes dont le chanteur, peintre et plasticien exilé à New York a confié la production à Benjamin Biolay.
Les patrons musicaux mid-tempo de son admirateur de longue date épousent habilement les mots de Couture qui oscillent entre amertume, vague-l'âme et humeurs chagrines. Hormis « Be an Artist », « La comédienne (bipolaire) », « J'ai des visions » où l'on songe davantage aux airs rock obsédants de Eels, ImMortels alterne blues-rock et jazz-pop tamisés avec cuivres et cordes peu fanfarons et batteries balayées. Une homogénéité sonore conférant une cohérence appréciable à défaut d'être époustouflante au 19e album studio du Français à la voix racée-pincée qui préférait jusqu'ici brouiller les pistes.
Cette chronique a également été publiée dans le quotidien suisse Le Courrier du 25.10.2014