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L'âme-son - Olivier Horner - Page 12

  • Septembre 2013

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...

    Brigitte Fontaine, J'ai l'honneur d'être (Silene-Decca)


    Fontaine.pngAprès un ravalement de façade de son répertoire volontiers surréaliste, baroque, fantaisiste, libertin, grossier ou vindicatif, opéré principalement en duo (L’un n’empêche pas l’autre, 2011), Brigitte Fontaine revient avec un album original à l’intitulé égocentrique trompeur. J’ai l’honneur d’être étant plutôt un bouquet de chansons truffé d’épines.


    Débutant sous de sombres auspices avec «Camisole de force/Relookée Crazy Horse/Je m’appelle Lola/Je suis une paria», ce dix-huitième album de l’éternelle anticonformiste offre une série de portraits et de confessions aux humeurs changeantes. La chanteuse française, qui aime à varier les costumes depuis son premier manifeste soixante-huitard, Brigitte Fontaine est folle, envoie savoureusement Dieu au diable, conte crûment les vertiges de l’amour et du sexe («Delta», «Les Hommes préfèrent les hommes»), se glisse dans la peau d’une cruelle «Pythonisse», égrène ses pêchés mignons et détestations («J’aime»). Mais sous la provocation, l’émotion et la tendresse affleurent pourtant plus souvent. A l’image de la somptueuse mise à nu sentimentale de «Père».


    Si la voix de ces parlé-chanté n’est logiquement plus très bien assurée au regard de ses 74 ans, Fontaine continue de toucher par des textes poignants soigneusement orchestrés et arrangés par son fidèle compagnon Areski Belkacem. Par touches expressionnistes, il accompagne finement le verbe informel et affranchi de sa muse historique.

    Cette chronique est aussi parue dans le quotidien suisse Le Courrier du 5.10.2013

  • AUTOPROMO: "Romands rock", une histoire musicale romande

    Romands rock, Panorama des musiques actuelles en Suisse romande de 1960 à 2000 (Slatkine/FCMA)

    Romands rock, Olivier Horner, musiques actuelles, Suisse romandeEn Suisse romande comme aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en France, il y a eu des «générations» Presley, Beatles, Dylan ou Woodstock. C’est à ces sources, nourries encore de blues et de country, que s’est abreuvé toute l’histoire du rock’n’roll. Et c’est de ces vagues sonores qu’ont découlé mille et un flux et reflux artistiques ici et ailleurs.

    Pour ce Romands rock en forme d’esquisse historique des musiques actuelles en Suisse romande, c’est un long fleuve tranquille qu’il a fallu remonter à contre-courant. Durant cinquante ans d’une histoire singulière, éclatée et fragmentée territorialement, les musiques d’ici ont essaimé sans trop de schémas types. Les Suisses alémanique,
    romande et italienne n’ont pas été frappées au même moment par la déferlante rock.

    Des yé-yé aux musiques électroniques, du punk au hip-hop, de la chanson au hard rock, du folk au rock progressif via la pop, il n’est pourtant pas un style qui n’ait dignement essaimé en terre romande.
    A travers les différents courants musicaux et leurs figures phares mais aussi par le biais des soubresauts politiques, sociaux, culturels et économiques, Romands rock retrace le développement de la scène rock des sixties à l’an 2000. Et s’arrête chemin faisant plus longuement aux côtés d’artistes qui ont marqué la Suisse du sceau de leur créativité, dont Pascal Auberson, Stephan Eicher, les Young Gods et Sens Unik.


    Dans les médias, on peut retrouver "Romands rock" par là:

    - 17 septembre, Option Musique/RTS

    - 23 au 27 septembre, "Paradiso" sur La 1ère/RTS

    - 18 octobre, Pl3in le poste! sur Couleur 3/RTS

  • Août 2013

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...

     

    Stromae, Racine CarréeStromae, Racine carrée (Mercury)

     

    Révélé voilà trois ans par l'album Cheese et son tube «Alors on danse» malgré l'indigence eurodance et new beat de ses bandes sonores, Stromae se distinguait toutefois par une fibre brelienne tant côté phrasé qu'en termes de narration corrosive et de théâtralité scénique. Un talent d'écriture confirmé par Racine carrée d'où brillent aujourd'hui des titres comme «Formidable»* ou le très personnel «Papaoutai».

    Le chanteur belge d'origine rwandaise âgé de 28 ans a heureusement élargi sa palette musicale pour insuffler par endroit du groove africain ou des rythmes afro-cubains dans sa dance music qui continue d'abuser des codes du genre.

    Sauf que les maux du répertoire s'avèrent cette fois nettement plus grinçants en évoquant paternité, amour, identité, racisme, déracinement, démagogie ou violence conjugale. La cruauté en bandoulière, les mots ciselés de Stromae font plus souvent mouche. D'autant que de lancinantes mélancolies se dégagent de chansons comme ce «Carmen» ravivant l'air de Bizet à l'ère des réseaux sociaux, le spleenesque «Ave Cesaria» en hommage à la défunte diva Evora sur fond de morna ou du gothique «Quand c'est ?» traitant du cancer. En somme, Stromae n'est jamais meilleur que quand il danse sur nos tombes et nos douleurs.

     

     

  • Juin 2013

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...


    Mendelson, Mendelson (Ici d'Ailleurs)

     

    Mendelson.jpgIl a vu triple et en noir et blanc. Pour son cinquième essai, le Français Mendelson a imaginé une oeuvre anxiogène aux titres fleuves (jusqu'au jet de 54 minutes de « Les heures », chanson-titre en forme de trou noir du deuxième opus !). Un triptyque discographique époustouflant tout en tensions et dissonances rock, où l'expérimentation ne se révèle jamais impénétrable grâce à un savant dosage de mélodies pop.

     Sur les rivages de Diabologum ou Michel Cloup, le contemporain de Dominique A qui logeait sur le même défunt et exigeant label Lithium assène toujours, vingt ans plus tard, des manifestes d'existentialisme crus. Après le déjà morose double album Personne ne le fera pour nous (2008), Mendelson parvient pourtant encore à muscler et assombrir le ton.

    Les mots coulent ici à flots continus, plus parlés et racontés que chantés. De cette prose oppressante détaillant la noirceur et les errances de l'âme humaine au quotidien jaillissent fulgurances, évidences et troubles notoires. En résumé, l'homme est un loup pour l'homme aux yeux d'un Mendelson qui chasse les strophes délétères, l'angoisse, la honte, le mensonge, la colère et les illusions.

    La mort rôde aussi dès l'entame avec « La force quotidienne du mal (comme seule certitude) » ou « D'un coup » et la prosodie de Mendelson dicte les humeurs lapidaires. Littérateur, conteur, scandeur, le « beau » parleur flirte avec une logorrhée hantée qui paradoxalement n'épuise pas grâce aux finesses de son expressivité rock placées en contrepoint. Un triptyque torturé et tortueux qui prend littéralement aux tripes.

    Cet article est aussi paru dans le quotidien suisse Le Courrier du 22 juin 2013

     

  • Avril-Mai 2013

    Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...

     

    Arman Méliès, IV (AT(H)OME)

    MélièsIV.jpgOn lui doit les musiques de «Tant de Nuits» et «Vénus» du Bleu Pétrole de feu Bashung avec qui il a aussi duettisé, le temps de «Ivres». Homme de mélancolies poétiques et toxiques, Arman Méliès excelle depuis huit ans et Néons blancs & Asphaltine dans les dédales étales d’un pop-rock où se toisaient autant Ennio Morricone que Talk Talk et Low.


    Ce quatrième album simplement baptisé IV prend pourtant quelques belles contre-allées esthétiques krautrock en semant quantité de synthés et d’électro en chemin. Comme un prolongement de «Amoureux solitaires» adapté des motifs du «Lonely Lovers» des Stinky Toys d’Elli Medeiros et Jacno qui figurait sur Casino (2008).

    Les machines dominent ici les guitares post-rock chères au Français et des claviers new-wave font fréquemment leur apparition. Des compositions plus froides et moins fantasmagoriques qui ne délaissent pas pour autant leurs visions panoramiques. L’écriture de Méliès conserve sa dimension elliptique, ses dérives hypnotiques et ses airs alanguis d’où émergent des titres comme «L’Art perdu du secret», «Mon plus bel Incendie», «Silvaplana» ou ce «Pompéi» plus dadaïste, co-écrit avec Julien Doré dont Méliès a été le guitariste.

    Cet article a aussi été publié dans le quotidien suisse Le Courrier du 15 juin 2013

    Quand Méliès zigouille les chanteurs français, ça donne un clip jubilatoire...